La violence conjugale, entre vécu et légitimation patriarcale - Contribution pour une psychologie féministe - Solveig Lelaurain , David Fonte
Publié par Zoé Parmentier le
Un point de vue inédit sur un phénomène qu’il est urgent de mieux comprendre : La violence conjugale
La violence conjugale est de moins en moins tabou et dénoncée de plus en plus souvent. Elle est également fermement condamnée par la justice. Pourtant, elle ne diminue pas. Comment peut-elle perdurer dans une société qui repose sur un principe d’égalité entre les sexes ? Qu’est-ce qui, dans notre contexte culturel et nos mentalités, maintient ces violences malgré la prolifération des discours progressistes ? Dans La violence conjugale, entre vécu et légitimation patriarcale, Solveig Lelaurain et David Fonte reviennent sur les causes sociales et structurelles de cette violence. Grâce à quatre enquêtes réunissant plus de 1500 participantes, les auteures explorent les différentes façons dont la violence conjugale est représentée dans la pensée de sens commun, pour mieux comprendre l’acceptation sociale de ce phénomène et ses conséquences pour les victimes.
« L’enjeu de la lutte contre la violence conjugale ne devrait pas se réduire à des mesures sanitaires ou législatives qui ne conduisent qu’à gérer “l’après-coup” de cette violence, mais qu’il doit également se situer sur un plan culturel si nous voulons la prévenir en amont.[…] les résultats de nos différentes enquêtes ne font que rappeler la nécessité de dispenser dès le plus jeune âge des programmes d’éducation sur la question du genre et de la sexualité [pour] aider [les adolescent·es] à acquérir un regard critique et à déconstruire les représentations patriarcales contribuant au maintien des rapports sociaux hiérarchiques entre les sexes ».
Des enquêtes inédites
Solveig Lelaurain et David Fonte commencent par fournir des repères historiques et sociologiques clés pour comprendre comment la violence conjugale est progressivement devenu un problème de société et un objet de politique publique. Ils présentent ensuite les facteurs psychologiques et sociaux qui facilitent ou freinent la recherche d’aide par les victimes.
Les auteures présentent et expliquent également les quatre enquêtes inédites qu’ils ont menées :
- La première a mis au jour les représentations spontanément associées à la violence conjugale, et a analysé les relations entre leur expression et l’adhésion à des idéologies patriarcales;
- La deuxième a exploré les représentations sociales ainsi que les stratégies discursives qui sont en jeu dans la négociation des normes sociales proscrivant la violence masculine contre les femmes. Elle a permis d’analyser l’effet de l’amour romantique sur la légitimation de la violence conjugale;
- La troisième enquête a vérifié si l’adhésion à ce concept d’amour romantique permet de prédire l’évaluation sociale d’une situation de violence conjugale du point de vue de sa gravité perçue, mais aussi de celui de la responsabilité perçue de l’agresseur et de la victime ;
- La quatrième enquête a investigué les représentations que les victimes mobilisent pour donner sens à leur expérience subjective et sociale de la violence conjugale, et ce dans le but de mieux comprendre les effets de ces représentations sur la recherche d’aide par les survivantes.
Un ouvrage inédit et nécessaire
La violence conjugale, entre vécu et légitimation patriarcale est le premier ouvrage en langue française à traiter de ce sujet avec une perspective de psychologie féministe. Il constitue un outil essentiel pour que chacune prenne conscience de ces représentations sociales pour s’en éloigner, prévenir la violence conjugale et accompagner au mieux les victimes. Les auteures proposent de nouvelles perspectives de recherche afin d’approfondir notre connaissance des mécanismes sociaux associés au maintien de la violence conjugale et des stratégies favorisant son occultation.
Pour approfondir :
Dans la collection praticiens éditée par les éditions Mardaga, les ouvrages suivants pourront également vous intéresser :- Psychologie sociale de Jacques-Philippe Leyens et Vincent Yzerbyt
- Psychologies du genre de Vincent Yzerbyt, d'Isabelle Roskam et d'Annalisa Casini.
À propos des auteurs :
Solveig Lelaurain est docteure en psychologie sociale et Maîtresse de conférences en psychologie sociale à l’Université d’Aix-Marseille. Son travail porte sur la légitimation sociale des violences de genre ainsi que sur les obstacles à la recherche d'aide rencontrés par les victimes. David Fonte est docteur en psychologie sociale et Maître de conférences à l’Université de Paris. Responsable du diplôme universitaire « Violences faites aux femmes / violences de genre » à l'Université de Paris, ses recherches portent sur les représentations sociales de la violence masculine.