Petites maisons
Du refuge libertin au pavillon d'habitation en Île-de-France au siècle des Lumières
Claire Ollagnier
Un lieu à l’abri des regards, consacré aux plaisirs… Depuis la seconde moitié du XVIIe siècle, période à laquelle l’expression petite maison semble être en usage, le concept d’un lieu situé à l’abri de tous les regards où le libertin pourrait s’adonner à ses activités licencieuses, a envahi la littérature romanesque et théâtrale, et les sources que constituent les rapports de police et les chroniques scandaleuses regorgent d’anecdotes piquantes, contribuant ainsi à créer le mythe de la petite maison. Cependant, il faut attendre les années 1750 pour voir émerger un nouveau type architectural dont le programme s’élabore peu à peu. S’initie alors une vague de réflexions sur un nouveau mode d’habitat et tous les quartiers périphériques de la capitale se couvrent d’édifices aux allures diverses mais répondant aux mêmes critères architecturaux : mutation des dispositifs conventionnels, réduction de la taille des appartements, diffusion du modèle pavillonnaire de plan massé et situation du nouveau bâti dans un environnement paysager.
Un nouvel art de vivre La multiplication de ces petites maisons illustre par ailleurs l’émergence d’un nouvel art de vivre et les aspirations d’une société en mutation qui use de toutes les ressources des arts (architecture, jardin, peinture, sculpture…) pour créer de véritables écrins qui ne laisseront pas indifférent le public de l’époque, satisfaisant les critiques et alimentant les récits de voyageurs et les souvenirs des contemporains. Menée jusqu’à la charnière entre Ancien régime et Ère industrielle au début du XIXe siècle (période qui verra l’idéologie de la villa se démocratiser et devenir accessible à la petite bourgeoisie), cette étude permet de remonter jusqu’aux origines de l’habitat pavillonnaire tel qu’il sera conçu par la suite. Le phénomène des périphéries pavillonnaires, jusqu’alors plutôt attribué aux retombées de la révolution industrielle et à la création de cités ouvrières, ne connaîtrait-il pas des prémices antérieures ?
Un ouvrage ambitieux aux sources variées Cet ouvrage ambitieux sollicite l’histoire de l’architecture et des jardins – mais également l’histoire des idées, de la littérature et du théâtre, de la politique, du social et de la ville – autour d’un objet mal voire non défini auparavant : la petite maison. S’inscrivant dans le renouveau historiographique touchant l’architecture civile française au XVIIIe siècle, elle dépasse les catégories traditionnelles de l’habitat (château, hôtel, maison…) pour s’ouvrir à une plus grande complexité. Fondé sur l’étude de sources variées documentant l’histoire d’une quarantaine de maisons dont les plans – dont une partie est inédite – sont comparés et replacés dans leur cadre semiurbain, cet ouvrage permet de remonter jusqu’aux origines de l’habitat pavillonnaire tel qu’il sera conçu au siècle suivant.
À propos de l'auteur
Claire Ollagnier est docteur en histoire de l’art. Après s’être consacrée pendant plusieurs années à l’étude de l’architecture féminine au XVIIIe siècle, elle a soutenu sa thèse sur les Petites maisons suburbaines au XVIIIe siècle à l’Université Paris I sous la direction de Daniel Rabreau. Actuellement chercheure postdoctorante du Labex-CAP, ses travaux portent sur le développement de l’habitat pavillonnaire dans la première moitié du XIXe siècle.
On en parle...
« Un ouvrage solide, ambitieux, fort technique et richement illustré de gravures et de plans, qui se penche sur l’histoire de l’architecture et des jardins, mais également sur celle des idées, de la littérature et du théâtre, de la politique et de la ville. Une magnifique construction intellectuelle ! » (Bernard Delcord, Lire est un plaisir, 10 octobre 2016) Article paru sur les sites Satiricon et Homelit. Lire l'article complet« Un ouvrage ambitieux et richement illustré. » (Atrium Construction, août 2016)
« Émanation d'une thèse de doctorat, cet ouvrage savant se situe au carrefour de l'architecture, de l'urbanisme et de l'histoire de l'art... » (Les cahiers techniques du bâtiment, juin-juillet 2016)
« Construite par des libertins en périphérie de Paris, pour échapper aux contraintes, la "petite maison" sera l'objet de nombreux essais architecturaux, et inspirera le concept moderne et contemporain de maison de campagne. Bien illustré par des gravures rares. » (Mémoire des arts, juin 2016)
L'ouvrage a été recommandé dans la rubrique « À lire ! » du numéro de juin du magazine Focus Archi.
Cet ouvrage a été présenté sur le blog de l’UMR AUSser le 30 mai 2016. Voir la présentation
L’ouvrage a été présenté dans le numéro de mai 2016 du magazine Géomètre.
« Cette brillante étude se lit alors avec le plus grand plaisir tant elle mêle les références par l'intermédiaire de citations bien senties. Claire Ollagnier résume ainsi le nouveau rapport qu'une société entretient avec la ville, la nature mais aussi avec l'intimité. Pour conclure, l'auteure ouvre bien des perspective et entrevoit dans cette noble typologie de la petite maison le fondement d'une autre, plus récente : celle du pavillon de banlieue. Voilà donc de la grande vertu de ces petites maisons ! » (Jean-Philippe Hugron, Le courrier de l'architecte, 27 avril 2016)
« Au XVIIIe siècle, les auteurs libertins décrivent des lieux de débauche sous la forme de pavillons situés en banlieue, à l’abri de tous les regards, voués aux parties fines et aux adultères. On les appelle "petites maisons" et… ce seraient les ancêtres des résidences secondaires. […] Dans son ouvrage Petites Maisons, illustré de documents rares ou inédits, l’historienne Claire Ollagnier enquête : ont-elles réellement existé pour satisfaire les passions ou les vices d’une élite aux mœurs dissolues ? [...] Un ouvrage magistral. » (Agnès Giard, blog “Les 400 culs”, Libération, 17 avril 2016)
« Conçue à l'origine comme un lieu voué aux plaisirs voire à la débauche de l'aristocratie du XVIIe siècle, la petite maison périurbaine est peu à peu devenue une habitation principale dans les années 1750. À partir de sources variées, cet ouvrage étudie l'émergence de ce type architectural et du mode de vie correspondant. » (Livres Hebdo, 15 avril 2016)
« Construite par des libertins en périphérie de Paris, pour échapper aux contraintes, la "petite maison" sera l’objet de nombreux essais architecturaux, et inspirera le concept moderne et contemporain de maison de campagne. Bien illustré par des gravures rares. » (Alain Vollerin, Le Blog des Arts, 14 avril 2016) Lire l'article complet
La sortie du livre a été annoncée le 1er avril 2016 sur le blog de l'APAHAU (Association des Professeurs d'Archéologie et d'Histoire de l'Art des Universités). Lire l'article complet