Le langage musical de l'Europe Occidentale t. 1
Tome 1 : Texte et glossaire
Louis-Marc Suter
Des premières superpositions de quintes et de quartes avançant parallèlement telles que nous les révèle la Musica enchiriadis du 9e siècle, à la mise en oeuvre «pour soi» d’accords de trois ou quatre sons issus de l’expression tonale, comme on en rencontre dans la Danse sacrale entendue pour la première fois en 1913, le langage musical de l’Europe occidentale a décrit une trajectoire tout à la fois unique et extraordinaire. Durant plus d’un millénaire, les causes et les effets se sont enchaînés dans un spectre très large où la liberté apparemment totale de l’artiste s’est cependant pliée à un besoin inéluctable de noter d’une façon chaque fois nouvelle le phénomène initial de la résonance naturelle, jusqu’à ne conserver finalementqu’à titre individuel le son du total chromatique dans l’expression éclatée de l’oeuvre de Webern. Ce parcours a véritablement pris son essor quand a été imaginé le mouvement contraire entre deux voix entendues simultanément. Alors la variable de l’instant s’est progressivement superposée à celle du temps pour engendrer une synthèse évolutive, aux rythmes richement diversifiés, entre l’horizontal mélodique et le vertical harmonique. Il a fallu pour cela imposer à l’oreille quelques légères modifications de hauteur de base, pour obtenir une correspondance entre les octaves, les quintes et les tierces, car les commas pythagoricien et zarlinien étaient au départ une réalité non négligeable. Ainsi, l’homme a «ajouté» à la nature une solution de son cru.
À propos de l'auteur
Louis-Marc Suter, Professeur émérite de l’Université de Berne, s’est consacré avec une égale passion à des études de chimie, de direction d’orchestre, de pédagogie et de musicologie, acquérant ainsi une large culture dont ont bénéficié des générations d’étudiants. Ses publications musicales abordent aussi bien le chant grégorien que le temps de la Renaissance ou l’époque contemporaine.