Le travail de l'éthique
Décision clinique et intuitions morales
Comment aborder les conflits de valeurs qui sont omniprésents dans le domaine médical et dans notre société ? L’approche de la bioéthique consiste à rechercher des normes qui emporteraient l’approbation de tous. Devant l’évidence d’un pluralisme moral irréductible, Marta Spranzi propose au contraire de partir des situations particulières, dans lesquelles on recherche ce qu’il serait bien de faire : c’est l’approche de l’éthique clinique. Une conception « heuristique » de l’éthique permet de sonder l’expérience morale et les valeurs des personnes concernées par une décision difficile, qu’ils soient patients, proches ou professionnels de santé. Ni consensus ni compromis, la bonne décision est celle qui, dans le contexte, apparaît aux participants comme la plus acceptable. Cette pratique de l’éthique est empirique et démocratique : elle explore le terrain changeant de la décision clinique et donne la parole aux premiers concernés.
Cet ouvrage porte sur les outils de l’éthique clinique et sur ses fondements, les intuitions morales des personnes concernées par une décision critique. Il explore l’importance des cas, la traduction des principes généraux, l’engagement des acteurs, et défend une forme d’intuitionnisme moral critique. Il prend comme exemple les questions de fin de vie et s’appuie sur la discussion de plusieurs cas emblématiques.
À propos de l’auteure
Marta Spranzi est philosophe de formation, titulaire d’un doctorat en histoire et philosophie des sciences de l’université de Pittsburgh. Professeur à l’université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines, elle enseigne au sein de différents départements l’éthique médicale et clinique à l’université Paris-Ouest - elle est également chargée de mission au centre d’éthique médicale de l’hôpital Cochin, où elle fait des consultations d’éthique clinique et participe à de nombreux protocoles en éthique empirique. Après des travaux sur la dialectique et la logique du débat, elle se consacre depuis plusieurs années à l’épistémologie de la médecine, et plus particulièrement à l’éthique clinique sur laquelle portent ses publications récentes dans de nombreuses revues françaises, européennes et américaines.
Ce qu'en pense la critique
La philosophe place au centre de la bioéthique la « pratique de la décision médicale singulière », autrement dit une éthique clinique qui prenne en compte l'« expérience morale des personnes concernée s», fondée sur leurs «intuitions morales». - R.M., Libération