Les nouvelles menaces mondiales - La grande pandémie du déni - Sébastien Boussois
Publié par Zoé Parmentier le
Les nouvelles menaces mondiales
Alors qu'elle se pensait invulnérable, l'Europe a été plus que secouée par l'ampleur de la pandémie de Covid-19. Le mythe de l'Occident à l'abri de tout danger, déjà fragilisé par des épidémies passées, continue de se désagréger. Dans Les nouvelles menaces mondiales, Sébastien Boussois explore nos réponses à cette crise : s'agit-il d'un refus de la réalité ?
Les épidémies et pandémies ont jalonné l’Histoire de l’Occident, jusqu’à la crise actuelle liée à la covid-19. Face à chacune de ces tragédies, les populations ont montré des réactions communes telles que la peur (de la mort personnelle, mais aussi de voir l’humanité réduite à néant), la grégarité et le recours aux croyances, ou encore le déni.
Aujourd’hui, devant la tragédie annoncée par la grande majorité des chercheurs, avons-nous péché par excès de confiance, d’insouciance, de supériorité ? Pourquoi certains cherchent-ils à ignorer un danger supérieur qui viendrait ébranler nos certitudes et notre confort de vie ? Et comment mieux nous protéger et nous mobiliser face aux dangers ? C’est à ces questions que Sébastien Boussois répond dans Les nouvelles menaces mondiales : la grande pandémie du déni.
Irrationalisme, théories du complot et dangers pour nos démocraties
Dans cet ouvrage, Sébastien Boussois se penche sur les phénomènes qui se trouvent à la racine de ces réactions populaires. Il décortique l’irrationalisme, qui trouve un terrain fertile en périodes de crises. Il explique que, lorsque celui-ci prend de l’ampleur, toutes sortes de théories du complot se développent. Fondées sur l’idée que la crise ne survient pas par hasard, mais est le fruit d’une stratégie cachée, elles créent une diversion dangereuse : en brandissant des menaces inventées, elles occultent la menace réelle, et accroissent alors le sentiment de flou ressenti par la population.
Sébastien Boussois examine également le rôle des autorités : leurs nombreuses incertitudes et tergiversations ont concouru au déni populaire. Et cela a été aggravé par l’internet connection généralisée : le tribunal populaire des réseaux sociaux s’impose comme vérité pour beaucoup de citoyens et s’érige en prescripteur face aux vrais « sachants », en particulier les élites rationnelles et scientifiques.
Enfin, l’auteur explique que, face à ce déferlement de méfiance, de déni et d’ignorance, les invitations à « rester chez soi » ont résonné chez certains comme une restriction arbitraire de leurs libertés, voire comme une mise en place douce de la dictature au travers d’une surévaluation du danger du virus.
Une sortie de crise novatrice
Selon Sébastien Boussois, la crise nous permettra un renouvellement : la restriction provisoire des libertés créée par la pandémie appelle à saisir les enjeux de la crise civilisationnelle que nous traversons.
Dans la continuité de cette réflexion, l’auteur cherche à répondre à une question : comment mieux nous protéger et nous mobiliser face aux nouvelles menaces qui visent nos sociétés ? Selon lui, il est primordial de susciter une libre adhésion éclairée des populations. Pour cela, l’État doit être le dernier rempart de protection de notre sécurité, de notre liberté et de nos droits : les élus doivent représenter et défendre réellement les intérêts des citoyens. Et l’auteur n’est pas pessimiste par rapport à cela : la mobilisation des jeunes générations ces dernières années (notamment en faveur de la protection du climat) laisse espérer une prise en charge assumée par les populations de leur propre destin dans la construction du monde de demain.
Et après ?
Que pouvons-nous donc attendre de l’avenir ? Quels espoirs et quels défis nous font face ? Est-il encore pertinent de se croire à l’abri de menaces qui n’ont pas frappé jusqu’ici les pays dits « développés » ? Et comment préparer nos États à de nouvelles formes de menaces, tant humaines que naturelles (terrorisme, risques nucléaires, armes chimiques et bactériologiques, dangers liés aux phénomènes climatiques) ? Autant de questions à travers lesquelles l’auteur pose avec force la question du futur de nos démocraties dans un monde globalisé. Les enjeux essentiels sont pointés – qu’ils soient économiques, politiques, sanitaires ou encore écologiques – et la porte nous est finalement ouverte : quel type d’avenir proposons-nous de dessiner ?
Pour approfondir :
Dans la collection débat et actualité éditée par les éditions Mardaga, les ouvrages suivants pourront également vous intéresser :
- Les grandes épidémies dans l'histoire de Henri Deleersnijder
- La diplomatie d'hier à demain de Raoul Delcorde
- Coronavirus de Rudy Aernoudt
À propos de l’auteur :
Sébastien Boussois est docteur en sciences politiques et chercheur associé à l’ULB (Belgique) et à l’UQAM (Canada).
Il s’est spécialisé dans les questions géopolitiques globales (terrorisme, radicalisation et politiques euroméditerranéennes) et est enseignant en relations internationales.
Outre ses régulières interventions dans les médias, il a récemment publié Pays du Golfe : les dessous d’une crise mondiale (Armand Colin, 2019) et Daech, la suite (Éditions de l’Aube, 2019).